Pollution de l’air
La Municipalité de Charenton saisit de nouveau le Préfet et l’ARS après une étude de la fondation Toxicowatch

Le collectif 3R a publié, ce 24 septembre 2025, une nouvelle étude réalisée par la fondation néerlandaise Toxicowatch. Cette analyse mettrait en lumière la présence de polluants organiques persistants (POP) — tels que les dioxines, PFAS, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) — ainsi que de métaux lourds dans l’environnement local.
Cette étude a été menée en lien avec les Villes de Charenton et d’Ivry qui échangent régulièrement avec le collectif 3R. Dans ce cadre, l’étude repose sur l’examen de filtres d’aération issus de quatre écoles d’Ivry-sur-Seine et de l’école Robert Desnos de Charenton, tous implantés dans un rayon de 1,5 km autour de l’incinérateur Ivry-Paris XIII.
Cependant, le Collectif 3R indique qu’une évaluation en continu des gaz, sortant de la cheminée, utilisant les techniques d’analyse des PFAS, est indispensable pour déterminer si l'incinérateur en est responsable.
En raison de l’étude transmise par le Collectif 3R, la Municipalité de Charenton a donc décidé de saisir à nouveau l’Agence Régionale de Santé (ARS), sollicitant des analyses complémentaires sur les polluants organiques persistants (POP) afin d’évaluer précisément les risques sanitaires et, le cas échéant, de mettre en place des mesures de protection pour la population. La Ville saisira également Monsieur le Préfet du Val de Marne. Le Syctom a publié un communiqué le 24 septembre indiquant qu’il se saisissait également de ce sujet.
Des précisions déjà apportées par l’Agence Régionale de Santé (ARS)
Dans le cadre des précédents rapports de Toxicowatch et des interrogations de la Ville, l’ARS et les services de l’État ont apporté plusieurs éclaircissements :
• Concernant les dioxines : les autorités sanitaires rappellent que l’exposition humaine à ces composés (ainsi qu’aux furanes et aux PCB) se fait majoritairement par voie alimentaire, et non par inhalation. Des concentrations élevées observées dans des œufs issus de poulaillers domestiques ont d’ailleurs conduit à recommander leur non-consommation sur l’ensemble de l’Île-de-France depuis 2023.
• Concernant les métaux lourds : les niveaux relevés dans les sols autour de l’usine sont globalement conformes aux seuils réglementaires observés en milieu urbain.
Un contexte régional plus large à prendre en compte
À ce jour, l’ARS et les services de l’État n’ont pas recommandé de mesures préventives spécifiques pour Charenton. La Ville insiste néanmoins sur la nécessité de mener une évaluation à l’échelle régionale, afin de mieux comprendre les causes de ces pollutions. En effet, Charenton est située dans une zone urbaine dense, soumise à diverses sources de pollution (incinération, trafic autoroutier, périphérique, périmètre ferroviaire etc.).
Vers une surveillance renforcée de l’incinérateur
Dans ce contexte, la Municipalité réaffirme sa volonté que la mise en service de la future Unité de Valorisation Énergétique (UVE), vraisemblablement au 1er trimestre 2026 - dont la capacité sera réduite de moitié par rapport à l’incinérateur actuel - soit accompagnée de la mise en place d’un protocole de surveillance partagé. Celui-ci impliquerait l’ensemble des acteurs concernés (SYCTOM, État, exploitant SUEZ, associations locales) et définirait précisément le périmètre de suivi, les polluants mesurés - y compris ceux non couverts par la réglementation - et les modalités de contrôle.